RÉDUIRE : LES DÉCHETS CÉRAMIQUES

Extrait de l'infolettre du 7 juin 2024.

L'absence de recyclabilité de la céramique finie m'a toujours dérangé. Sous l'action d'une chaleur assez importante (plus de 573 degrés Celsius), l'argile devient céramique, un changement irréversible qui a pour conséquence de rendre la matière permanente. La preuve : on retrouve encore des tessons de céramique datant de milliers d'années...

Il s'agit d'un sujet qui me passionne car j'aimerais vraiment éviter que ma pratique génère des déchets. Je me suis donc renseignée auprès de ma ville pour savoir davantage sur la gestion des rebuts céramiques. À Québec, la destination des déchets céramiques est l'écocentre, et au final, votre tasse cassée se retrouvera au site d'enfouissement (LET : lieu d'enfouissement technique) avec les résidus de construction.

La bonne nouvelle est que depuis quelques années, des pistes de solutions dans de petites et grandes entreprises de céramiques à travers le monde sont apparues. Je suis d'ailleurs entrain de monter un projet pour investiguer la possibilité de réintégrer mes propres « déchets » céramiques à ma production. Et je serai très heureuse de vous tenir au courant de l'avancement de ce projet!

En attendant, avant même de penser à recycler la céramique, je me suis dit qu'il était primordial de réfléchir à quoi faire pour éviter de générer des déchets dans un premier temps. Voici plusieurs façons de faire que j'ai intégré à ma pratique qui me permettent de générer une quantité minimale de déchets céramiques :

La qualité

« Est-ce que cette pièce mérite d'être cuite? » Si la réponse est « non », on recycle l'argile et on fera une meilleure pièce avec la matière, tout simplement! Être plus sélectif quant à ce qu'on décide de cuire, c'est la première étape pour réduire l'impact de sa pratique. Est-ce que j'ai vraiment besoin de faire une pièce ou si un tesson est suffisant pour faire le test que je désire?

C'est sûr que ce n'est pas facile, particulièrement quand on commence et qu'on est si fier de ses premières pièces... Mais la qualité vient avec la pratique, et après quelques années, ces premières pièces risquent d'être jugées beaucoup plus sévèrement par l'apprenti-céramiste qui se sera amélioré!

Dès le départ, vaut mieux apprendre à se détacher et à garder un œil critique malgré l'excitation. L'apprentissage de la céramique est long et exige énormément de pratique pour arriver à maîtriser le médium.

Lorsque j'ai appris à tourner, nous avons commencé à garder nos pièces seulement après quelques semaines de cours et de pratique. Et mes premières pièces étaient en fait 10 cylindres et aucun d'eux n'a été cuit : ils ont été coupé en 2 afin d'évaluer la régularité de mon tournage! ;)

Bref, toujours bien réfléchir avant de cuire.

Réduire les pertes dans la production

Pour ma part, après avoir passé des années à vouloir l'argile la plus blanche possible, j'ai finalement décidé l'an dernier d'aller vers une argile moins blanche, mais qui est plus facile à travailler, et qui est plus résiliente. Résultat : je n'ai presque plus de pièces qui gauchissent à la cuisson, ou de craques au niveau des joints, principaux défauts irréparables de ma production des dernières années. Un compromis qui a définitivement valu la peine.

Les retouches

Les glaçures que j'utilise ayant tout de même leurs particularités, il arrive encore que certaines de mes pièces présentent de légères imperfections comme des trous d'épingle ou des retraits. Dans les deux cas, il s'agit de petits trous où la glaçure s'est retirée, qu'il m'est possible de combler avec un peu de glaçure pour ensuite recuire mes pièces. Dans la majorité des cas, je me retrouve au final avec une pièce de première qualité au lieu d'un second.

Les seconds

Si malgré tout, une pièce ne rencontre pas les standards de qualité nécessaires, mais que le défaut présent est mineur et n'empêche en rien l'utilisation attendue de la pièce, nous avons là ce que nous appelons un « second ». Je vends mes seconds et mes prototypes depuis plusieurs années. J'ai commencé à le faire parce que je ne pouvais pas me résoudre à détruire des pièces parfaitement utilisables et à les envoyer aux ordures. Non seulement vendre ses seconds permets d'éviter de générer des déchets, mais en plus, c'est permettre à plus de gens d'acheter local en offrant ces créations à prix réduit...

Les alternatives

Vous avez une pièce que vous adorez mais malheureusement elle s'est craqué ou elle s'est cassée? Plutôt que de prendre le chemin de l'écocentre, il existe des alternatives pour une céramique abîmée. En voici quelques exemples :

La pièce est craquée? L'anse est cassée? Pourquoi ne pas l'utiliser comme pot à crayon ou comme vase? Simplement éviter de mettre du liquide dans une pièce qui fuit par contre ;)

La pièce s'est cassé en quelques morceaux qu'il est facile de remettre en place? Sachez qu'il est possible de recoller une pièce de céramique cassée avec de la colle Époxy et que cela fonctionne très bien. Malheureusement, il ne sera plus possible de boire ou de manger dans une pièce qui a été recollée. De mon côté, je n'offre toutefois pas de service de réparation, et je ne fais pas de Kintsugi non plus, si jamais vous vous demandiez ;)

Votre pièce est cassée en mille morceaux? Vous pouvez tout de même utiliser les morceaux pour un projet de mosaïque. Certaines personnes utilisent aussi des morceaux de céramique comme drainage dans le fond de leurs pots à plante, mais attention aux coupures!

Vous avez d'autres idées de quoi faire avec de la céramique brisée? N'hésitez pas à m'écrire, cela me fera plaisir de vous lire!

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